La circonstance urbaine est belle : trois immeubles identiques, constitués de volumes platoniciens (un cube surmonté d’un cylindre), situés à côté d’un lieu fédérateur de la ville (la gare), en face d’un superbe mail ancien (les promenades de la Légion d’Honneur) et, comble de modernité, le long d’un nouvel axe de transport public (le tramway).
La réhabilitation de ces trois immeubles du boulevard Roederer, ainsi que celle, adjacente, d’un immeuble-barre situé de l’autre côté de la gare, boulevard Joffre, est propice à une réflexion fondamentale sur le devenir du bâti de l’après-guerre, face aux mutations de la ville contemporaine. Une attitude consisterait à réaliser un traitement de type strictement esthétique, une sorte «chirurgie plastique». Avec un peu d’expérience, il est plutôt facile d’indiquer, ici, des zones de bardages, là, des zones de colorations toniques, ou bien des zones neutres ; ailleurs encore, de mettre en valeur tel ou tel élément de détail.
Dans le meilleur des cas, on obtiendra un ensemble agréable à l’oeil. Mais, se faisant, aura-t-on créé du sens ? Du sens par rapport à l’immeuble concerné et son histoire, du sens par rapport au quartier et son devenir, du sens par rapport au vécu et aux attentes légitimes de ses habitants. Et, question essentielle, aura-t-on inscrit l’ensemble dans la durée ?
